Château de Goudourville

Crédit photo : Yannick Vergnes

 

Historique rédigé par la propriétaire actuelle du Château (2025) :

 

Le château de Goudourville a été fondé par la famille Gasques, vassale de la puissante maison Durfort à Clermont-Soubiran. La présence des Gasques à Goudourville est avérée en 1088, dans un acte de donation des dimes de l’église de Goudourville à Moissac.

Moyen Âge

Le castrum de Goudourville est mentionné dans le parchemin des us et coutumes établi en 1278 entre le seigneur de Goudourville, Seguy de Gasques, et les habitants de la commune, prouvant ainsi l’existence du château à la fin du XIIIème siècle.

Lors de la guerre de cent ans, le château de Goudourville est occupé et probablement laissé en ruines au milieu du XIVème siècle. Il est restauré vers 1460 par le capitaine de Lauzerte et célèbre chef de guerre, Naudonnet de Lustrac.

Renaissance

Entre 1480 et 1500, ses petits-fils, Antoine Ier de Lustrac et son frère Jean, évêque de Périgueux ainsi que leur oncle Bertrand, abbé de Saint-Maurin, y font des travaux importants. Ils étoffent les logis existants, apportent une nouvelle tour avec un escalier en vis et un système de galeries extérieures qui changent le système de circulation dans le lieu.

Selon Gilles Séraphin, archéologue spécialiste du bâti médiéval, cela place Goudourville parmi les réalisations les plus notables de la fin de l’époque gothique en Aquitaine. Il pose aussi l’hypothèse d’une co-seigneurie : deux châteaux possédés par deux seigneurs qui auraient été réunis par la famille Lustrac.

En 1544, Marguerite de Lustrac, fille de Antoine II de Lustrac, devient l’unique héritière de la seigneurie. Elle est mariée à Jacques d’Albon de Saint-André, Maréchal de France, leader des catholiques et favori du roi Henri II. Elle sera ainsi dame d’honneur de la reine Catherine de Médicis durant 13 ans.

Après l’assassinat du Maréchal de France, Marguerite de Lustrac se marie à Geoffroy de Caumont, abbé protestant, puissant seigneur de la Dordogne, seigneur de Castelnaud, des Milandes…et compagnon d’enfance du roi Henry IV.

Déjà propriétaire de nombreux domaines, notamment les châteaux de Lustrac, Ferrassou, Gavaudun, Caumont… pour ne citer que ceux de l’Agenais, Marguerite de Lustrac devient encore plus riche.

Son unique fille, Anne de Caumont, l’enjeu de nombreux prétendants, est enlevée à l’âge de 7 ans et mariée plusieurs fois. Son dernier mariage, décidé par Henry IV, se fait avec François Orléans de Longueville de Pichon, comte de Saint-Pol, lequel dilapide sa fortune. Elle vend Goudourville en 1598. En 1626, elle fonde à Paris le couvent des Filles Saint-Thomas et finit dans l’indigence.

XVIIème siècle

Originaire d’une grande famille de Toulouse, Guillaume d’Affis, est nommé 1er Président du Parlement de Bordeaux par le roi Henri III. C’est lui qui achète le domaine de Goudourville, Lalande et Saint Vincent en 1598. Il restaure le château, à nouveau en très piteux état, et exploite le domaine agricole qui comprenait notamment le moulin à vent (appelé aujourd’hui moulin à poivre), le moulin à eau de Lalande, la métairie de Cabos et celle de Borio…

En 1648, des révoltes contre le jeune roi Louis XIV, et surtout le cardinal Mazarin, démarrent. Après de multiples épisodes, la fronde s’étend à la Guyenne en 1651.

Les notaires et autres nobles contestataires du pouvoir royal s’étaient réunis au château de Goudourville. En janvier 1652, le château est assiégé par les troupes royalistes du comte d’Harcourt à la poursuite du Prince de Condé ; les rebelles se rendent et paient une rançon fort élevée ; les troupes occupent le château de Goudourville durant 6 mois et le saccagent.

D’après Cianelli de Sérans, propriétaire du château au XXème siècle, la famille d’Affis aurait demandé, en 1659, un projet de jardins à André Le Nôtre, le jardinier de Louis XIV. Une information à explorer…

Le château passe entre les mains de l’un des descendants des d’Affis, Jean-Baptiste Lecomte, Marquis de la Tresne, chevalier captal de Latresne, Conseiller du Roy en ses conseils et président à mortier au parlement de Bordeaux.

XVIIIème siècle

Le 18 mai 1745, Sieur Louis de Berdolle, « Bourgeois et Negotiant de la ville de Toulouse », rachète à Messire Jean Baptiste Lecomte, le château et ses terres, ses métairies et moulins ainsi que les droits de basse, moyenne et haute justice.

Le château est mis au goût du siècle des lumières avec de nombreuses transformations : larges fenêtres à la française dans la Cour d’honneur et sur les façades Ouest et Nord, ouverture de la salle de Gardes…

Louis de Berdolle, magistrat et auteur de travaux en mathématiques, devient capitoul de Toulouse. Marié avec Catherine de Bastard La Fitte, liée à la famille royale, il organise des réunions politiques secrètes en faveur du parti du Roi pour rallier le parlement de Toulouse alors peu favorable au roi.

La Révolution française a-t-elle eu des impacts sur le château de Goudourville et ses propriétaires ? Oui, les tours sont rabaissées et les pierres réquisitionnées par le Préfet.

Cependant, les propriétaires du lieu n’ont pas la tête coupée et n’ont pas migré à l’étranger, signes qu’ils ont su entretenir de bonnes relations avec leur entourage.

XIXème siècle

Mathilde de Berdolle transmet le Château à la famille Lary de Latour en se mariant. S’ensuit un demi-siècle de calme.

En 1876, la famille Lary de La Tour vend Goudourville au comte Emmanuel Marraud des Grottes. Le comte et son épouse ont alors une fille, Marie des Grottes.

XXème siècle

Jusqu’en 1939, la comtesse Marie des Grottes et son mari Gonzague de Cianelli de Sérans, d’une grande noblesse italienne incluant deux papes, détiennent le château et ses terres.

Gonzague de Cianelli de Sérans avait une bibliothèque étoffée d’anciens ouvrages, il s’est volontairement engagé durant la 1ère guerre mondiale à l’âge de 50 ans ; il a perdu son chien, fidèle compagnon de campagnes, dans des souterrains sous le château.

Marie des Grottes meurt en 1937, Gonzague Cianelli de Sérans en 1938. Ils sont enterrés au cimetière de Goudourville. Le château est vendu en 1939 par leur fille, qui part aux États-Unis.

C’est Léon Bernier, polytechnicien et ingénieur du génie maritime, marié en 1914 avec Odette Arrivet de Valence d’Agen qui achète le château de Goudourville en 1939. Il souhaite mettre sa famille, dont sa femme malade, à l’abri de la guerre imminente. Il dirige des constructions de bateaux et sous-marins militaires.

Durant la seconde Guerre mondiale, la famille Vidaillan, occupant la ferme, protègent un jeune homme juif, Joseph Brenig, qui contribuera activement à la libération de Valence d’Agen en 1945. Ils ont été reconnus comme « Justes parmi les Nations ».

En 1952, le château est vendu à la famille Tocqueville, qui fait d’importantes restaurations, notamment en relevant les tours abaissées durant la Révolution Française avant de le revendre en 1992.

Depuis 1999

Les propriétaires actuels continuent de protéger et de faire vivre ce lieu riche en histoire. Ils mènent régulièrement des recherches historiques sur ce domaine et les familles qui y ont vécu depuis le XIème siècle.

Au-delà des nécessaires travaux d’entretien, de restauration ou de reconstruction après des évènements climatiques, ils ont développé une activité de location pour des séjours de vacances, mariages, anniversaires, des événements professionnels et des séjours à thème. Le château est ouvert plusieurs fois par an au public avec des animations historiques ou culturelles.

Si vous avez des informations, des documents ou des photos anciennes sur le château, merci de les envoyer à contact@chateau-goudourville.fr

Pour en savoir plus sur l’activité et la vie du château de Goudourville d’aujourd’hui.

www.chateau-goudourville.fr

https://www.chateau-goudourville.fr/lavieduchateau

 

 

Armoiries des propriétaires du château de Goudourville